Mes infos personnelles sont-elles partagées si j’accepte d’utiliser ce produit ?”, c’est une phrase qui risque de revenir de plus en plus souvent dans les conversations de tous les jours, alors que la question de la protection de nos données numériques prend de l’importance. Il y a quelques années, on pouvait encore se demander le bien-fondé de cette réflexion. Il semblait que seuls quelques geeks ou défenseurs acharnés de la vie privée investissaient ce thème. 

Ainsi, lorsque nos données étaient conservées sur nos ordinateurs au travail ou à notre domicile, cette question n’avait aucune raison de nous hanter. Chaque utilisateur était propriétaire de ses données qui restaient souvent stockées localement dans l’entreprise ou sur un disque à la maison. 

Des usages quotidiens bouleversés par la technologie

Mais depuis l’arrivée des géants du net comme Facebook, Amazon, Google et la profusion de services gratuits ou non auxquels nous souscrivons tous les jours, la donne a changé. Nous sommes d’ailleurs de plus en plus nombreux à nous poser des questions cruciales pour la protection de notre vie privée, comme se demander qu’est ce qu’un VPN et comment l’utiliser au mieux, ou comment limiter les intrusions publicitaires au quotidien.

Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, reconnaît ainsi lui-même ce changement drastique dans notre utilisation d’Internet. Dans une interview de 2010 citée dans Revue Française des Sciences de l’Information et de la Communication en 2013, il affirme ainsi que “la question que beaucoup de gens se posaient était : ‘Dans tous les cas, pourquoi voudrais-je mettre de l’information sur Internet ?’ Et puis, enfin, cinq ou six ans après, vous savez, le blogging a décollé d’une manière considérable, et tous ces différents services font en sorte que les usagers partagent toutes ces informations.” Il y a donc de quoi se demander si les nouveaux usages d’internet et l’émergence d’une véritable identité numérique sonnent vraiment la fin de notre vie privée.

Vous avez dit respect de la vie privée ?

Le droit au respect de la vie privée est inscrit dans le Code civil comme dans la Déclaration universelle des droits, qui rappelle le droit de chacun à être “laissé en paix, à l’abri du regard d’autrui”. Alors que nous laissons désormais des étrangers observer virtuellement nos moindres faits et gestes, de nombreux internautes s’élèvent désormais contre l’utilisation de nos données personnelles. On pense par exemple au blogueur Korben, très actif sur la question des libertés individuelles, ou à la Quadrature du Net, qui lutte depuis plusieurs années contre le partage irraisonné de nos informations personnelles. 

Et ceux qui se demandent encore si cela les touche peuvent se poser quelques questions toutes simples. À quand remonte leur dernière utilisation des réseaux sociaux via une application sur leur smartphone ? De quand date leur dernier trajet avec Google Maps ? 

Il suffit par exemple de rechercher une destination sur un service de cartographie en ligne pour laisser une empreinte numérique. Parfois, une simple application de jeu en ligne peut même nous suivre à la trace, et cela, même lorsqu’elle n’est pas en utilisation.

Objets connectés et villes intelligentes, menace ou bienfait ?

Avec l’essor de la domotique et des objets connectés ou intelligents, ces menaces sur notre vie privée pèsent également à la maison. Ici, ce sont des outils bien pratiques qui jouent souvent un double rôle. Ils nous permettent ainsi de réguler la température dans nos logements, ou de ne pas oublier tel ou tel ingrédient sur notre liste de courses de la semaine. 

Mais ce qu’on oublie souvent, c’est que ces objets utiles au quotidien collectent en permanence des informations sur la façon dont on les utilise, des données qui permettent ensuite aux entreprises fabricantes d’en améliorer les performances… Ou de revendre des détails précieux à des entreprises tierces.

Harold Li, vice-président de l’entreprise experte de la cybersécurité ExpressVPN, donne d’ailleurs quelques conseils concernant la vie privée et la domotique : “Utiliser un appareil intelligent signifie souvent inviter un microphone connecté à Internet en permanence dans nos espaces les plus privés, comme nos chambres à coucher. Les entreprises de domotique doivent traiter cette vie privée avec le plus grand respect, et elles ont échoué à maintes reprises.”

À grande échelle, on peut ainsi parler des villes intelligentes ou villes connectées qui auto-régulent leur éclairage, leur trafic ou encore permettent de réduire la facture publique en eau et électricité grâce à des capteurs, des caméras et des objets connectés. 

On pense à ces arrêts de bus intelligents déjà installés un peu partout dans le monde. Certains offrent tout simplement des informations en temps réel sur le trafic et les prochains passages des bus à l’arrêt. D’autres offrent toute une gamme de services ou d’avantages aux utilisateurs. 

C’est par exemple le cas de ceux conçus par l’entreprise AQUIS Innovo, subventionnée par l’Union Européenne depuis 2016, qui deviennent de véritables lieux de vie, offrant informations générales, services de récupération de colis et même des possibilités de recharger son crédit téléphonique. 

Dans la métropole asiatique de Séoul, certains arrêts de bus intelligents couverts installés en 2020 vérifient la température des utilisateurs avant de leur permettre de s’y installer, et stérilisent jusqu’à 99 % des virus et microbes. Si l’idée est de permettre aux usagers des transports en commun de se protéger des intempéries tout en étant protégé des risques de contamination en temps de pandémie, on est pas loin d’un scénario à la Big Brother très inquiétant.

VPN et paramétrage du téléphone : des solutions simples à mettre en place

L’explosion quantitative des données que nous produisons au quotidien et surtout, leur utilisation à bon ou mauvais escient par des entreprises, est donc quelque chose que l’on se doit de regarder de près. 

Mais les solutions ne manquent pas pour se protéger, comme le rappelle Harold Li: “Nous recommandons aux utilisateurs d’éteindre tout microphone ou toute caméra lorsqu’ils ne sont pas utilisés, de vérifier leurs paramètres de confidentialité, de supprimer régulièrement les données vocales collectées et de connecter les appareils à un routeur avec un VPN pour s’assurer que tout le trafic est crypté”. 

La CNIL rappelle également quelques réflexes simples à avoir afin de protéger ses informations personnelles. Ces astuces, couplées à l’installation d’un VPN sur nos différents appareils électroniques, permettent déjà de faire un premier pas vers davantage de protection de notre identité numérique. Affaire à suivre !